Eva Bernard (E.B.) - J’ai été diplômée du Master Affaires Publiques de Sciences Po en 2009. En parallèle, j’ai aussi été diplômée de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan en économie-gestion. En 2009-2010, j’ai fait une année de préparation concours à Sciences Po et ai tenté le concours de l’ENA. Je ne l’ai pas eu et suis partie en fin d’année aux Etats-Unis pour commencer un VIA au Service économique de l’Ambassade de France à Washington. En 2013, j’ai terminé mon VIA et suis restée à Washington. Je travaille désormais pour la Banque mondiale.
E.B. - Au cours de mon cursus, j’avais toujours cherché à concilier mon intérêt pour les affaires publiques et mon goût pour les contextes internationaux. J’avais découvert l’univers des organisations internationales grâce à un stage à l’OCDE et à Sciences Po, en plus d’avoir suivi de nombreux cours de questions internationales, j’avais participé à un projet collectif en lien avec les Nations Unies (le National Model United Nations). Mes missions à la Banque mondiale aujourd’hui me permettent également de concilier questions publiques et affaires internationales.
E.B - La Banque mondiale m’intéressait depuis longtemps et depuis Washington, je suivais ses activités avec grand intérêt. La mission de l’organisation et le fait de travailler avec le monde en développement m’attiraient beaucoup. Depuis mon arrivée en 2013, j’ai pu travailler sur différentes missions : une évaluation des politiques d’éducation des pays membres du Partenariat mondial pour l’Éducation, les stratégies pays du Mali et du Tchad, afin que les deux pays atteignent les objectifs globaux et chiffres fixés par la Banque mondiale pour l’horizon 2030. Je travaille aussi actuellement sur un projet de transferts monétaires sociaux en Afrique. Dans mes différentes missions, j’utilise à la fois mes acquis Sciences Po (rédaction, esprit de synthèse, capacité à travailler sur des sujets très différents et mes capacités d’analyse économique (analyse de chiffres, recommandations de politiques économiques). D’ailleurs, une grande partie des personnes qui travaillent dans l’institution ont un profil juriste ou économiste.
E.B. - Il est vrai que d’une manière générale, les Américains savent très bien se mettre en avant et mettre l’accent sur leurs « réalisations » (ce qu’ils ont réussi dans leurs expériences passées) et à présenter leur parcours sous la forme d’une « histoire », souvent très cohérente. Ils sont en plus souvent à l’aise à l’oral et ont des profils plus spécialisés que les européens (ce qui peut s’expliquer par la structure des undergrads américains, avec deux grandes spécialisations alors que nous avons des profils plus généralistes). À la Banque mondiale, c’est un peu différent dans la mesure où les gens viennent du monde entier. Il est vrai que les diplômes américains sont très représentés et que la compétition est forte, mais il y a des besoins dans des domaines divers et savoir parler plusieurs langues est essentiel.
E.B. - Tout d’abord, avoir le goût pour la mission de l’organisation. Nous travaillons avec les pays en développement, parfois des pays fragiles ou parmi les plus pauvres du monde et au quotidien, il faut collaborer avec une équipe et des collègues venant du monde entier, et souvent basés à l’étranger, dans les bureaux de la Banque mondiale sur le terrain ou dans les Ministères des pays dans lesquels nous travaillons. D’ailleurs, chez les candidats aux différents postes, l’expertise régionale et les expériences de terrain en pays en développement sont souvent valorisées. Les missions sont très intéressantes et stimulantes, mais la Banque mondiale traverse aussi une période de réformes et les contrats peuvent y être précaires (beaucoup entrent dans l’institution avec des contrats payés par jour travaillé, sans bénéfices, et peuvent ne pas avoir de bureau à leur disposition). Il y a quelques programmes auxquels les jeunes diplômés peuvent postuler : les jeunes professionnels, mais aussi un nouveau programme d’analystes réservé aux moins de 28 ans.
E.B. - J’ai eu la chance de connaître deux aspects de la vie professionnelle à Washington. D’une part, avec l’Ambassade, j’ai pu découvrir le milieu politique américain. J’étais en contact avec des américains, venus de tous les Etats du pays, travaillant dans les institutions, au Congrès ou dans les think tanks de la ville. D’autre part, la Banque mondiale m’a immergée dans une « bulle internationale » (le FMI fait face à la banque mondiale), avec des gens venus du monde entier, qui ont souvent vécus sur plusieurs continents et voyagent encore beaucoup.
Washington est une ville agréable à vivre, de taille moyenne, avec de nombreux espaces verts, où le quart nord-ouest est une sphère politique, américaine et internationale. Il y a toutefois une grande pauvreté dans certains quartiers de la ville où il est déconseillé de s’aventurer.
E.B. - Les nouveaux arrivés peuvent contacter l’association des Anciens Sciences Po à Washington, DC (washingtondc@sciencespo.org) et demander à être inscrits sur la mailing liste. Ils seront alors tenus au courant des évènements que l’association organise : happy hours, rencontres, débats, entre autres. Ils peuvent aussi se mettre en contact avec les anciens via les réseaux sociaux (il y a des groupes linkedin et facebook).